Du recul face à la représentation des femmes à l’Assemblée nationale
Du recul face à la représentation des femmes à l’Assemblée nationale
Les femmes seront moins représentées à l’Assemblée nationale
L’élection du gouvernement Couillard lundi a marqué un recul pour la représentation des femmes à l’Assemblée nationale.
Le Parti libéral du Québec, que dirige Philippe Couillard, a fait élire 70 candidats, dont seulement 18 femmes, soit 25 % du total. Une sur quatre. On est donc bien loin de l’objectif de parité des sexes en politique.
Cette performance ne surprend pas quand on se rappelle que le PLQ est celui des trois grands partis qui présentait la plus faible proportion de candidates: 28 %.
Avec seulement 35 femmes parmi ses 125 candidats sur les rangs, le PLQ affichait sa pire performance des cinq derniers scrutins.
Le caucus libéral comptait 18 femmes sur 50 députés en 2012, il en comptera toujours 18, mais sur 70 députés en 2014.
Quand M. Couillard formera son cabinet, il devra donc choisir ses ministres parmi 51 hommes et 18 femmes de son caucus. Paradoxalement, cette importante disproportion devrait normalement avantager ces dames, si le premier ministre maintient son objectif de se rapprocher d’une «zone de parité».
Parmi les recrues féminines libérales, une seule semble assurée d’une place au conseil des ministres: Hélène David, la nouvelle députée d’Outremont.
Psychologue de formation, Mme David est issue du milieu universitaire. Elle était jusqu’à récemment vice-rectrice aux relations internationales, à la Francophonie et aux partenariats institutionnels à l’Université de Montréal. Dans le passé, elle a aussi été sous-ministre adjointe au ministère de l’Éducation.
Mme David est la soeur de la députée solidaire de Gouin, Françoise David. Ce sera la première fois qu’on verra deux soeurs cohabiter en Chambre.
Compte tenu du résultat des élections, tout indique qu’on reverra plusieurs visages féminins connus, dont ceux des anciennes ministres Christine St-Pierre, Kathleen Weil, Lise Thériault, Nicole Ménard, Dominique Vien, Marguerite Blais et Julie Boulet.
Questionné à ce propos durant sa première conférence de presse en tant que premier ministre élu, mardi, M. Couillard s’est fait rassurant: «La question de la représentation féminine est importante pour moi», a-t-il dit, sans prendre aucun engagement.
Le chemin libéral vers la parité paraît long: le PLQ avait fait oeuvre de pionnier en faisant élire une femme – Marie-Claire Kirkland-Casgrain – pour la première fois en 1961. En 2014, 53 ans plus tard, il en a fait élire 18.
Dans l’ensemble, le scrutin du 7 avril aura fait la démonstration que, pour l’essentiel, la politique québécoise demeure un monde d’hommes. Il faut parler de recul, non de progrès.
Avant le déclenchement des élections, les femmes formaient près de 33 % des parlementaires. Elles ne seront plus que 27 %, soit 34 femmes sur 125 élus. En 2012, elles étaient 41.
La place des femmes au parlement demeure marginale, avec un parcours en dents de scie, ayant passé de 30 % en 2003, à 25 % en 2007, pour remonter à 29,6 %, en 2008, avant d’atteindre un sommet de 32,8 % en 2012 pour redescendre à 27 % en 2014.
Dans les rangs de l’opposition, le portrait ne sera guère plus rose. Le caucus du Parti québécois comptera huit femmes sur 30 députés (26 %) et celui de la Coalition avenir Québec, six sur 22 députés (27 %). Québec solidaire incarne l’exception, avec ses trois députés dont deux de sexe féminin.
La Fédération des femmes du Québec a réagi au portrait global mercredi en demandant aux partis politiques de faire leur examen de conscience. Dans un communiqué, la présidente Alexa Conradi a dénoncé ce qui semble être une «incapacité» chronique des grands partis «à présenter un nombre égal de femmes et d’hommes».